Nous voici face à un shojo manga signé Reiko Momochi :
Daisy – Lycéennes à Fukushima. Comme nous l’indique dès le départ le titre de cette courte série (deux tomes seulement),
Daisy aborde le sujet délicat qu’est la triple catastrophe survenue au Japon le 11 mars 2011, dans la préfecture de Fukushima. J’ai d’abord été très surprise qu’un tel évènement se retrouve sous la forme d’un manga. Cette série m’a longtemps intriguée et j’ai finalement cédé en me disant qu’elle ne tenait qu’en deux tomes. Mais je crois que je ne m’attendais absolument pas à ce que j’allais y trouver …
Mais avant d’aller plus en profondeur dans ma chronique, revenons un peu sur l’histoire. Dès les premières pages, on se retrouve plongé dans un lieu presque irréel, où les enfants ne peuvent plus jouer dehors, où les habitants ont peur de la moindre goutte de pluie et où les lendemains sont incertains. Au milieu de tout ce tumulte, Fumi et ces amies, de jeunes lycéennes, cherchent à retrouver une vie « normale ». Mais peuvent-elles réellement faire comme si rien ne s’était passé ? Ont-elles le droit de continuer à vivre quand leur environnement est plongé dans le désastre, le désespoir et l’incertitude ? C’est du moins ce qu’elles essayent de faire en reformant leur groupe de musique Daisy. Mais la réalité qui les entoure les rattrape bien vite.
Il est difficile de trouver les bons mots pour qualifier une œuvre telle que
Daisy. Aucun manga ne m’avait autant chamboulé depuis
Subaru – Danse vers les étoiles et
Le Sablier ! Profond, sensible, prenant, bouleversant, déstabilisant, sublime, émouvant… Tant de mots pour décrire cette histoire. Une histoire sans romance à l’eau de rose, sans réelle « happy end », sans cliché, sans certitude, … Une histoire où le temps s’est arrêté et a bien du mal à se relancer. Et dans tout ça, quatre jeunes filles qui cherchent leurs chemins, ne sachant pas réellement où se placer, ni comment se comporter dans un univers si étrange et irréel à leurs yeux.
A un moment où le gouvernement et la population semblent oublier que la situation est loin d’être terminée à Fukushima, Reiko Momochi a décidé d’échanger avec les habitants, et notamment les jeunes, pour comprendre comment ils vivaient ces évènements depuis la catastrophe et la manière dont ils envisageaient leur avenir. On retrouve d’ailleurs certaines anecdotes de ces jeunes dans les pages de son manga. Ces derniers ne cessent de s’interroger sur la façon dont ils pourraient aider leur ville. Quitter la préfecture, n’est-ce pas apparaître comme un lâche aux yeux des autres ? Si l’on ne se sent pas d’aider à la reconstruction, doit-on pour autant se sentir coupable ? Faut-il agir comme tout le monde pour se sentir mieux ? Le but de Reiko Momochi n’est en aucun cas de juger ces personnes, mais plutôt de faire comprendre qu’il n’y a pas de bonne réponse et que chacun peut agir et aider à sa manière, de l’intérieur comme de l’extérieur. Au fond, plus qu’un témoignage,
Daisy porte avant tout un véritable message d’espoir ! Car le plus important dans tout ceci, c’est que nous ne sommes pas seuls. Il y aura toujours des personnes pour nous soutenir, nous guider, nous rassurer. C’est d’ailleurs ce que je puis résumer avec cette merveilleuse phrase tirée du manga : "En langage des fleurs, « Daisy » signifie… « Nos sentiments sont mutuellement partagés »."
Au final,
Daisy est une histoire qui vaut vraiment le coup d'être lue. Pour que cette catastrophe et les victimes qu'elle laisse derrière elle ne soient pas oublier, pour que les gens comprennent la situation actuelle et ne restent pas indifférents, mais aussi pour que les habitants de Fukushima ne perdent pas espoir et continuent d'aller de l'avant !